J’étais
tapi dans l’ombre, à l’écart comme toujours, ils me savaient là, je ne
les dérangeais même pas, non, pour eux je n’existais pas … Je les
observais chaque nuit ; Au clair de lune ils s’ébattaient joyeusement
dans le fond du jardin, dansaient la farandole dans la rosée, les plus
jeunes chantant, chahutant ; certains même, à l’abri des regards,
flirtant … Elle était là, belle comme le jour, belle comme la nuit … A
se laisser conter fleurette par cet empoté, cet abruti, cette chose
énorme, difforme, aux joues trop rebondies … Elle, à la fois si délicate
et si charnue, aux traits finement ciselés, à la peau douce et lisse si
joliment colorée … Je l’aimais, depuis toujours, nous avions grandi
ensemble, presque côte à côte … Mais si nos regards s’étaient souvent
croisés, jamais nous ne nous étions dit un mot … Je devais me faire une
raison : Elle était une Citrouille et moi un Potiron …
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